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PIERRE FISSIER

Pratiquant d'Aikido et auteur du blog ''Aïki-kohaï''
Contributeur pour Dragon Magazine. Membre fondateur du magazine Yashima.
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Pouvez-vous vous présenter ?

 

Bonjour Julien.

Mon nom est Pierre Fissier, je suis tout simplement un Aïkidoka débutant, passionné par les arts martiaux, auteur du Blog Aïki-kohaï', contributeur pour Dragon Magazine depuis plusieurs années et membre fondateur du magazine Yashima.

Racontez-nous vos débuts dans le monde des arts martiaux.

Comment êtes-vous arrivé à la pratique des arts martiaux ? Par quel art ? Maître ? Dojo ?

 

Contrairement à beaucoup d’enfant attiré par les arts martiaux, je n’ai pas débuté par le Judo.

J’ai découvert tardivement l’univers martial, à l’adolescence, où je me passionnais plutôt pour l’Escrime Française et plus précisément l’épée et le sabre.

 

J’étais très attiré par les arts martiaux historiques européens. Mon maître d’armes de l’époque, Pascal Ignace, était réputé pour avoir formé plusieurs champions et j’ai donc gravité dans un milieu compétitif et exigeant. Vers 18 ans, pour des raisons économiques au départ, je me suis tourné ensuite vers le Taekwondo WTF avec quelques amis. Là encore, le club de mon enseignant, maître Abdel Hashas, était plutôt axé compétition (il détient toujours de nombreux titres de champion de France notamment) et j’ai pu découvrir cet autre univers sans concession. 

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Je peux dire aujourd’hui que ces deux excellents maîtres ont permis de débloquer quelque chose. Très timide, vivant dans un quartier défavorisé, j’ai tout d’abord appris à avoir confiance en moi, à me dépasser, à affiner ma recherche et à respecter mon corps.

 

Il me manquait cependant le principal car l’aspect purement sportif m’a toujours semblé superficiel.

En 2001, je suis entré à la faculté de droit. Après avoir essayé quelques disciplines dont le Tai Ji Quan, j’ai finalement découvert l’Aïkido par le biais d’Eric Jalabert, lui-même élève de Philippe Gouttard (7ième dan Shihan) et Bernard Palmier (7ième dan Shihan).

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Avec BERNARD PALMIER Sensei / NAMT 2018

Qu'est ce qui vous a plu ? Ce qui vous a fait aimer les arts martiaux ?

Ce qui vous a poussé et continue à vous pousser à continuer ?

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Eric Jalabert pratiquait déjà un Aïkido exigeant d’un point de vue physique et, comme j’étais très ignorant, je suppose qu’au départ j’avais besoin de cet aspect pour me sentir à l’aise. D’autres écoles plus éthérées ou plus spectaculaires me semblaient parfois vides de sens. J’ai véritablement aimé ensuite le coté instinctif de son Aïkido, à l’écoute du corps du partenaire et son discours simple et réaliste sur les mécaniques à mettre en œuvre dans la technique. Nous étions majoritairement des débutants et l’ambiance étudiante participait à donner quelque chose de spécial à nos cours.

 

Dans les élèves les plus doués se trouvaient déjà Etsuko Iida, l’un de mes Sensei actuel. J’ai également rencontré dans ce dojo un certain Philippe Monfouga qui est mon Sensei ''principal'' aujourd’hui.

 

Au-delà de la technique pure et des prouesses physiques, j’ai découvert grâce à ces pratiquants de haut niveau une autre utilisation du corps qui m’a poussé beaucoup plus loin dans mes recherches quelques années plus tard.

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Avez-vous des références de maîtres ? Des exemples qui vous ont motivé et qui vous motive toujours ?

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Depuis 2013, je fréquente le Korindo Dojo par le biais du club Kokyu Ho.

On peut dire que c’est le véritable point de départ de ma pratique actuelle. Grâce aux 3 différents enseignants d’Aïkido de ce dojo (Philippe Monfouga, Etsuko Iida et Alma Noubel) je suis entré en contact avec Philippe Gouttard Shihan qui est l’une de mes références dans la pratique. J’ai également beaucoup d’affinité avec l’enseignement de Bernard Palmier Shihan et je regrette de ne pas pouvoir suivre assez souvent Fabrice Croizé, Héléne Doué ou encore Farid Si Moussa que j’admire beaucoup et qui sont pour moi des références pédagogiques.

 

En parallèle, je suis activement le développement de l’Aïkido Kishinkaï de Léo Tamaki dont je suis un peu un « élève main gauche ».

Par son intermédiaire, je rencontre régulièrement des enseignants exceptionnels comme Hino Akira Sensei, Akuzawa Minoru, Takeshi Kawabe, Tobin Threadgill et dernièrement Hiroo Mochizuki.

 

Comme la plupart des maîtres qui m’enseignent, ce choix de l’éclectisme est voulu afin de toujours devoir me remettre en question.

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Avec Akuzawa MINORU Sensei

En plus de votre pratique au Dojo, avez-vous une routine chez vous ?

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Je n’arrête que rarement la pratique, y compris pendant les séjours prolongés de mon fils à l’hôpital lors de la saison dernière. Même s’il s’agit pour moi de travailler dans un couloir ou un parc. Cela dit ma routine évolue avec mes recherches.

 

Depuis la saison dernière, je tente de répéter régulièrement le premier kata du Nairiki No Gyo que j’ai pu découvrir au contact de l’école Takamura Ha Shindo Yoshin Ryu  et j’essaie également de reproduire les différents exercices de renforcement du corps que j’ai pu pratiquer avec Akuzawa Senseï de l’école Aunkaï.  Je n’ai bien sûr pas la prétention de maîtriser complètement la subtilité de toutes ces pistes de travail.

 

Plus ponctuellement, je pratique différents exercices personnels adaptés par mon ostéopathe et les kata aux armes (le Jo notamment) que j’ai reçu de mes professeurs.

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Pour vous, qu'apportent les arts martiaux sur le point de vue physique, mental et spirituel ?

 

Je n’ai pas la prétention d’avoir une compréhension profonde au stade où je m’estime.

Les arts martiaux sont pour moi simplement un moyen de préservation du corps. Adhérant d’avantage à la conception orientale d’unité profonde entre le mental, le physique et le spirituel, les arts martiaux sont ainsi un moyen pour moi de restaurer une sorte d’équilibre global.

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C'est quoi une ceinture noire pour vous ?

 

Un palier de progression et, à mon niveau, un objectif technique à dépasser.

Soyons réaliste, les arts martiaux regorgent de grades, de ceintures colorées, de titres traditionnels et autres « médailles » parfois utiles pour la motivation personnelle.

 

Je ne juge absolument pas cela, à condition de ne pas tout mélanger.

Pour moi, le corps de mon partenaire de pratique est plus important à analyser que la ceinture qui tient son pantalon. La connaissance qu’il détient est plus précieuse que le titre affiché. Il ne s’agit pas toutefois de dénigrer les grades des autres, je leur accorde juste une importance secondaire la plupart du temps.

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Pour vous, Comment évolue les arts martiaux ?

 

Acceptons de vivre dans le présent.

Notre époque place désormais au premier plan les sports de combats, l’aspect sportif du Budo, les prouesses athlétiques et la défense personnelle. L’ensemble de ces pratiques va satisfaire la plupart des gens et ce n’est ni bien, ni mal, juste un simple constat dont il ne faut évidemment pas se satisfaire. De même, nos modes de vie hyperactifs ou chronophages ne facilitent pas l’émergence de Meijin ou de Tatsujin dans les arts martiaux mais il est faux de se convaincre que tout était mieux avant sur ce point.

 

L’essentiel est de ne pas rester inactif et de pratiquer.

Il est vital d’élever partout le niveau dès que possible dans tous les aspects des arts martiaux. Au milieu de ces problématiques, l’Aïkido  à toute sa place et de nombreux atouts. Notre discipline apporte quelque chose de profondément différent aux gens, à cheval entre la tradition et la modernité. La bienveillance qui doit caractériser l’Aïkido  à mon sens, est un trésor que nous devons partager au plus grand nombre. En matière d’efficacité martiale, nous possédons également un héritage porteur d’autres stratégies et comportements.

 

Enfin, nous sommes l’un des rares Budo  historique sans compétition.

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Vous tenez le blog ''AIKI-KOHAI'' pouvez-vous nous en parler ?

A qui il s'adresse ? Pourquoi avoir crée ce blog ?

 

On m’interroge très souvent sur ce sujet (rires).

Ce blog était avant tout destiné à mon épouse, également pratiquante d’arts martiaux, et je l’ai débuté pour lui permettre de faire face à ses problèmes de santé. Cela lui permettait de pratiquer un peu sans être sur un tapis. Assez rapidement, le succès de mes articles a largement dépassé mon cercle martial. J’ai donc le plaisir de m’adresser aujourd’hui à un large panel de débutant mais aussi à quelques professeurs dans différents pays.

 

Je suis heureux de toucher à ce jour plus de 150 000 personnes.

 

Cela dit, restons lucide. Ma place est en bas de l’échelle et je souhaite simplement transmettre le fruit de mes recherches.

Bien loin de vouloir incarner la vérité ou prêcher seulement pour ma paroisse, je suis satisfait de diffuser une partie de ce que j’ai la chance de recevoir. J’espère aussi donner envie aux différentes écoles de s’ouvrir, d’échanger, de créer des connexions. Je me présente souvent comme un chercheur et un « facilitateur » du Budo, rien de plus.

 

Enfin, mon propos est une manière de dire aux débutants qui hésitent à franchir la porte d’un dojo : vous voyez ? C’est possible !

En quelques années, les résultats peuvent atteindre ce niveau lorsqu'on  se donne au maximum et avec sincérité.

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Quels sont vos projets ?

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Avant tout je suis concentré sur ma pratique. Je tente de progresser pour être à la hauteur des espérances de mes enseignants.

 

Ensuite, je suis très investi dans différents projets éditoriaux que je souhaite encore développer avec différentes équipes de pratiquants de toutes les écoles.

Comme tu le sais, je suis responsable de la section historique du magazine Yashima  et j’essaie continuellement d’hausser le niveau pour me rapprocher de travaux des plus grands professionnels. Ayant régulièrement contact avec des historiens de formation, j’ai pris aussi conscience que l’histoire des arts martiaux gagne à être étudiée profondément par un pratiquant et non un théoricien ou un universitaire.

Nos angles d’approche ne sont pas les mêmes, nos centres d’intérêts non plus mais nous nous complétons. Nous préservons ainsi, je le crois, une plus grande authenticité.

 

Dans un second temps, j’essaie aussi d’apporter cette « expertise » dans de nouveaux projets pour Dragon magazine et sur mon site.

Enfin, j’ai le projet d’un stage d’Aïkido caritatif au profit de l’Association Française de l’Atrésie de l’œsophage dont je reparlerais prochainement.

 

Comme tu le vois mon calendrier est plutôt chargé (rires) pour un débutant ! 

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Un mot pour la fin ? Quelque chose à rajouter ?

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Juste une précision.

Pour moi l’artiste martial est un être complet. Il ne suffit pas d’être très souple, très technique ou affûté physiquement pour comprendre pleinement la voie que l’on souhaite arpenter. Les exemples historiques abondent mais citons tout simplement le plus connu des Rônins, Miyamoto Musashi qui fut tour à tour expert au sabre mais aussi tacticien, écrivain, dessinateur, et peintre.

 

Le Budo  en général est une voie complète qui doit pousser l’individu vers l’avant, lui donner envie de se former, d’étudier, d’apprécier l’instant, d’appliquer son art à d’autres aspects de son quotidien et pas uniquement de rester dans son pré-carré.

 

Sans cette richesse, nous sommes compétiteurs ou consommateurs mais pas Budoka.

Apprenons à transmettre cette différence très simple.

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