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Dikran Michel KEVORK

9ème Dan Hanshi, enseignant depuis 1983.  
 Seul représentant officiel du Shorin Ryu Kobayashi Ryu en France de l'Ecole de Katsuya MIYAHIRA Sensei
 Ambassadeur Civil et Culturel d'Okinawa
A ce jour de Décembre 2016 il comptabilise 30 séminaires à Okinawa et au Japon depuis 1991.
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Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Dikran Michel Kevork

Racontez-nous vos débuts dans le monde des arts martiaux. Comment êtes-vous arrivé à la pratique des arts martiaux ? Par quel art ? Maître ? Dojo ?

Je suis né le 13 Novembre 1963.

J’ai débuté le Karate Shotokan en France à Marseille le 6 septembre 1969.

J’ai passé ma ceinture noire et mon Diplôme d’enseignant au sein de la Fédération de Karaté comme le veut le système Français.

J’ai eu un parcours dans le Karate de compétition au niveau Régional, inter-régional et National.

Mon palmarès sportif est assez bien rempli. J’ai obtenu 18 titres en Kata et en Combat mais le seul qui me restera gravé dans ma mémoire est mon titre de Champion de France militaire en combat qui fut le plus intense de mon parcours sportif.

Mais je fus vite lassé du monde Karate sportif qui, à l’époque, ne véhiculait aucune véritable valeur authentique, « Même si le monde fédéral de l’époque, se réfère aux valeurs morales qui sont celles des arts martiaux, elles se limitent souvent à un effet d'affichage, valeurs « murales » plutôt que « morales »

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Aujourd’hui ces valeurs sont de nouveau effectives au sein des diverses fédérations en j’en suis très heureux.

En avril 1988 j’ai quitté mon Club initial et j’ai entrepris un véritable parcours initiatique.

J’ai cheminé dans toute l’Europe en quête d’un enseignant ayant comme comportement l’excellence technique et possédant les hautes valeurs morales que doit véhiculer notre art.

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J’ai obtenu mes titres traditionnels de Renshi en 1996 puis de Kyoshi en 2004 et à ce jour le titre Hanshi et le grade de 9ème. Dan à Okinawa.

J’enseigne en France mais je dirige des séminaires au Japon, au Brésil, en Argentine, en Colombie, en Australie, en Allemagne, en Belgique en Inde et bientôt d’autre pays.

J’ai effectué à ce jour 35 séjours à Okinawa et depuis quelques années j’ai été nommé par le gouvernement Japonais « Uchina Mikan Taishi » à savoir Ambassadeur de bonne volonté d’Okinawa.

Ce titre honorifique récompense mon parcours, et mon enseignement traditionnel du Karaté et du Kobudo d’Okinawa. Je l’ai reçu avec beaucoup d’humilité et m’efforce chaque jour d’en être digne.

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Je fus très déçu de ce parcours et c’est la raison pour laquelle en 1991 j’ai effectué mon premier voyage à Okinawa qui est le berceau du Karate.

J’y ai rencontré de nombreux experts et Maîtres mais une rencontre fut décisive pour ma vie entière.

J’ai rencontré le Grand Maître Katsuya MIYAHIRA 10ème Dan possédant le titre très honorifique de Trésor Intangible Vivant.

Je fus admis dans son Dojo et jusqu’a sa mort (2010) j’ai été son disciple.

MIYAHIRA Katsuya 10eme Dan

Qu'est-ce qui vous a plu ? Ce qui vous a fait aimer les arts martiaux ? Ce qui vous a poussé et continue à vous pousser à continuer ?

J’ai été séduit par la richesse de sa pratique de l’art. De la richesse de sa pédagogie, de sa gentillesse et de son humanisme.

Exigeant dans les détails les plus petits, nous demandant d’un simple regard d’aller au-delà de notre propre compréhension de notre pratique.

Plus notre efficacité devanit important plus il ne ous demandais de refléchir à notre comportement au dehors du Dojo. Il disait souvent « Plus grande est la capacité de destruction plus grande doit être l’humanité qui est en vous. »

Le devise du Dojo de mon Maître est : « La main du Diable et le cœur du Bouddha »

C’est cette approche et cette existence de la Justesse de l’acte et du comportement qui fait que j’aime à continuer la pratique et l’enseignement de l’art de L’Okininawa-Te Shorin Ryu et du Kobudo de Kochinda.

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Avec Seiyu Nakamura Sensei

Pour vous, qu'apportent les arts martiaux sur le point de vue physique, mental et spirituel ?

La pratique des arts martiaux permet d’aller non pas, comme je l’entends trop souvent, d’aller au bout de soi mais bien au contraire de se rencontrer soi-même. De cheminer à la rencontre de notre moi profond, sans artifice sociétal et en s’affranchissant du regard des autres.

Par une pratique assidue et raisonnable se rendre compte de nos capacités physiques et psychiques.

Je n’entends pas par-là, la recherche de la performance physique (celle n‘est guidée que par la vanité), mais une découverte de l’écoute de son corps, de se rendre compte que l’on utilise mal celui-ci dans notre vie profane et que l’on obstrue ses canaux énergétiques plutôt que de les vivifier. Nous permettant ainsi d’avoir une bonne pratique et un esprit apaisé.

Un esprit apaisé permet la recherche de l’efficacité par l’action et le comportement le plus juste au moment où l’on est confronté à une difficulté.

Avez-vous des références de maîtres ? Des exemples qui vous ont motivé et qui vous motivent toujours ?

J’ai pour premier réfèrent mon Maître, Hanshi Katsuya Miyahira. J’essaye quotidiennement d’enseigner en suivant les préceptes qu’il m’a enseigné.

Les préceptes sont :

La recherche de la Justesse de la technique.

La recherches et l’étude des Bunkaï. Il disait souvent : « 10.000 maîtres d’un même style donnent 10.000 Bunkaï il faut les étudier et les oublier. Seul les traces de l’étude des 10.000 comptent.

L’apprentissage par cœur est toujours ridicule. Il faut à un moment donné de sa pratique ( 5 Dan) être capable de créer son propre Bunkaï.

Eviter la pratique ou la vanité s’exprime.

Améliorer son humanité en proportion de l’augmentation de son efficacité.

Etre raisonnable en tout instant

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J’ai pour second référent Hanshi Seiyu NAKAMURA 10. Dan Okinawa Te Shorin ryu et kobudo de Kochinda qui fut lui-même disciple de Miyahira sensei pendant 52 ans. Les principes de son enseignement sont les mêmes que ceux de Miyahira sensei.

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Avec Katsuya Miyahira Sensei 
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Avec Seiyu Nakamura Sensei

Vous êtes le représentant officiel de 2 grands maîtres d'Okinawa.

En juin 1999 vous devenez le représentant officiel du SHORIN RYU KOBAYASHI RYU en France de l’ecole de Maître Katsuya Miyahira puis en juillet 2004 vous devenez le représentant officiel mondial du KOBUJUTSU KOCHINDA de Maître Seiyu Nakamura 10. Dan.

Pouvez-vous nous parler de ces 2 maîtres et de leurs écoles respectives ? Comment les avez-vous rencontré ?

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Vous parlez de mes Maîtres est à la fois simple et complexe. Car la relation que j’ai avec eux est de l’ordre de l’intime.

Grand Maître Katsuya Miyahira

Le premier mot qu’il me vient est l’affection que je lui porte.

Il était un homme de grande gentillesse, tout en étant exigeant. Rude dans le travail, gentil, serviable et humble en dehors du Dojo comme à l’intérieur. Devant chacun de mes échecs il me tendait la main pour me relever. Devant chacun de mes doutes il me levait un voile pour me montrer la voie à suivre. Il portait le Dojo dans son cœur chaque instant de sa vie. Il était le Dojo...

Si je devais résumer :

Il faisait sortir le meilleur de moi par un seul regard car mon seul désir est de lui donner ce qu’il attendait de moi.

Malgré le fait que nous avions le problème du langage, mon Japonais est très sommaire, il me disait toujours «Ishin denshin »... les initiés comprendront...

Son école, l’âme de son Dojo est que chacun y avait une place. La franchise, la rigueur le don de soi était sa marque de fabrique. Il était au-delà de l’enseignement, il était un compagnon de route et un guide. Il cherchait à vous hisser à ses côtés et il ne cherchait pas la place de « Dominant ».

 

Il était la représentation symbolique du « Maître »

Notre relation était forte, il me la démontré même au-delà de sa mort.

Le jour des obsèques de mon Maître, son cercueil a été descendu de son appartement à son dojo.

Il a demandé que la première main qui fasse pénétrer son corps dans son dojo soit la mienne et la même chose pour sa sortie définitive du Dojo.

J’ai reçu cette marque d’affection avec beaucoup d’émotion et je porte en moi encore cette émotion.

Pour la cérémonie religieuse il avait également prévu ma place sur la rangée de droite avec les membres de la famille et les amis les plus proches.

Et il a demandé que je sois présent au crématorium pour mettre une partie de ces cendres dans l’urne... Jamais je n’oublierais ces moments et la marque de son affection par-delà son voyage à l’Orient Eternel.

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Grand Maître Seiyu Nakmaura

Pour lui aussi le mot premier est affection.

Nakamura Sensei comme je l’ai déjà dis fut pendant 52 ans le disciple et ami de Miyahira Sensei

Il m’a toujours bien accueilli lors de mes séjours à Okinawa mais il a attendu 10 ans pour venir vers moi. Je l’ai vu plusieurs fois tout au long de mes séjours faire des katas de Kobujutsu d’un style que je ne connaissais pas... De plus dans sa pratique du Karaté il avait un « coup d’œil » hors du commun en plus une vivacité pour les fractures de distance remarquable.

J’ai commencé à lui poser des questions par l’intermédiaire d’une amie japonaise, qui parle et vie en France et qui m’a accompagné à Okinawa un grand nombre de fois pour me servir de traductrice.

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Pour répondre à mes questions il m’a invité à venir dans son Dojo et le début de notre relation a commencé.

Nakamura Sensei est un homme hors du commun tant dans sa personnalité que dans la pratique des arts martiaux. Il a une grande connaissance martiale. Il enseigne « à l’ancienne », il m’a testé, il m’a noyé dans un flux de travail pendant 3 semaines... En partant tout était confus en moi, et il en était hilare.

Nous étions en juillet... Et à sa grande surprise je suis revenu en décembre avec mon épouse pour parfaire le travail commencé .... Ce fut le début de notre relation « amicale ».

Il est pour moi un Frère, Un Grand Frère, un homme que j’admire pour ses qualités humaines et son sens du partage. La mort de notre Maitre nous a encore plus rapproché. Il a entrepris de transmettre l’école interne de Miyahra sensei et je l’aide dans cette tâche.

Nakamura Sensei était un grand spécialiste des torsions et projections que Miyahira Sensei enseignait.

Je suis très étonné de voir qu’aujourd’hui on découvre le « jutsu » dans le Karaté et encore plus que l’on segmente le karaté alors que c’est un tout....

 

De plus les grands changement du Karaté d’Okinawa ne conviennent pas à Nakamura sensei, car ce changement efface une grand partie de la culture des Dojo au bénéfice du travail de masse.

Nakamura Sensei se concentre que sur ceux qu’il juge aptes à poursuivre l’œuvre de Miayhira Sensei et le cœur du Kochinda Kobujutsu. Il réserve donc son enseignement qu’à un petit nombre de personne.

Miyahira Katsuya Sensei et DIck Kevork - kushanku Sho Aout 1994
Seiyu Nakamura Sensei et Kevork Dick au 33 festival des arts martiaux Paris Bercy 

Février 2014, vous avez été nommé ambassadeur Civil et Culturel d'Okinawa par le Gouverneur d'Okinawa. Que représente ce titre ?

J’ai reçu ce titre comme un honneur évidement. Il récompense l’enseignement que je m’efforce de faire en respectant la culture d’Okinawa.

Je diffuse le Karaté d’Okinawa depuis 1999 mais je présente aussi la culture de l’île car un art traditionnel ne peut se concevoir sans comprendre la culture qui a donné naissance à cet art.

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Il est toujours étrange de voir que l’on parle de Karaté traditionnel et que l’on y associe la culture Japonaise.... La culture d’Okinawa n’a rien à voir avec la culture Japonaise et encore moins avec la culture « Samuraï ».

Les amalgames sont parfois étrange.... Mais il y a beaucoup de fantasmes dans notre univers....

Que représente la ceinture noire pour vous ?

La ceinture noire ne représente que le début en n’est en rien un aboutissement.

Elle ne symbolise que les bases du travail d’un art. C’est à l’instant de la ceinture noire que le cheminement commence...

En plus de votre pratique en tant qu’enseignant, avez vous une routine chez vous ?

Une routine... oui bien sur ... Ne jamais avoir de routine...

La seule routine est le rituel pour sacraliser le lieu où l’on va être face à soi-même.

Quelle est la place des KATA dans le Karate et dans les arts martiaux japonais en général ?

Par la phonème Kata il faut entendre le moule ... Entrer dans le moule afin de le comprendre, et non pas le modifier à sa convenance.

Miyahira Sensei disait que lorsque l’on maîtirse un Kata on comprend l’âme de celui qui l’a créé.

Il est aujourd’hui à la mode de modifier et de personnaliser un Kata, alors qu’il est le vecteur du temps passé.

Donc modifier le Kata c’est se passer de son histoire et donc de l’art traditionnel

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Quelle est la place des saluts, du cérémonial Reishiki dans les arts martiaux?

Le Reishiki est la place numero 1 .

Sans Reishiki  il n’y a pas la ritualisation qui permet de sacraliser le lieu interne et externe pour la pratique d’un art ou d’un chemin initiatique.

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Beaucoup de non pratiquants de Karaté pensent que c'est une discipline rigide,dépassée et non efficace que pouvez-vous leur répondre ? 

Le non-pratiquant ne porte qu’un regard de profane.

Lorsque l’on n’est pas initié on ignore. Lorsque l’on ignore on a 2 choix :

Soit entreprendre un chemin pour comprendre. Soit critiquer et salir par les mots de ses propres maux ...

Un des deux chemins est long et difficile mais il permet de se découvrir et de se perfectionner tant dans l’art que dans l’âme, l’autre ne permet que la médisance, le jugement et la facilité.

L'enseignement martial des Dojo d'Okinawa est il différent de ceux en France ?

Oui sans aucun doute.

Les Dojo d’Okinawa ont une hiérarchisation horizontale alors qu’en France elle se veut verticale et donc écrasante.

Il y a beaucoup de fantasme et d’incompréhension en occident... mais de plus en plus de personne entreprennent un chemin vers la connaissance et c’est une bonne chose...

Quels sont vos projets ?

Le principal est de durer dans ma pratique et mon Dojo.

Je retourne à Okinawa 2 fois cette année et j’espère continuer, avec le soutien de Hanshi Nakamura Seiyu , à transmettre l'école interne de Miyahira Sensei

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Quels sont vos projets ?

Le principal est de durer dans ma pratique et mon Dojo.

Je retourne à Okinawa 2 fois cette année et j’espère continuer, avec le soutien de Hanshi Nakamura Seiyu , à transmettre l'école interne de Miyahira Sensei

Un mot pour la fin ? Quelque chose à rajouter ?

J’ai reçu l'enseignement le plus important de mon Maître et je vous le transmets volontiers :

Il m’a enseigné à ne jamais renoncer.

Que chaque échec est une pierre de fondation solide pour se construire.

Que je ne devais devenir qu’un maillon de la chaîne de la transmission antique et de rester fidèle à la culture et à l’histoire de notre art.

Que plus je recevais des marques de respects des autres plus je devais intérieurement être humble.

Que la pratique de notre art est fait pour être face à nous-même et de commencer un chemin initiatique sans fin dans notre cœur.

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Entretien martial Kevork Dick - Mars2019

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