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JEAN SMITH

6ème Dan de Karate Uechi-Ryu, 5ème Dan de Kobudo.

 Expert Fédéral Uechi-Ryu au sein de la Fédération Française de Karate.

Enseignant en Shiatsu (Ecole Shen Dao)

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Pouvez-vous vous présenter ?

Je m'appelle Jean Smith, j'ai 56 ans et je suis enseignant en Shiatsu, Médecine traditionnelle chinoise et arts martiaux.

J'habite à Mauzac, au sud de Toulouse.

Racontez-nous vos débuts dans le monde des arts martiaux. Comment êtes-vous arrivé à la pratique des arts martiaux ? Par quel art ? Maître ? Dojo ?

J'ai commencé le karaté en septembre 1979, j'avais 14 ans et demie.

Depuis tout petit, je voulais faire des arts martiaux. Le Dojo où j'ai commencé était très traditionnel et l'entraînement de l'époque était très physique. Mon professeur s'appelait Henri Garcia et il enseignait le Karaté Shotokan.

J'ai passé mon 1er dan en 1984 et je suis parti à Paris pour travailler avec Michel Coquet et Pierre Portocarrero.

Qu'est ce qui vous a plu ? Ce qui vous a fait aimer les arts martiaux ? Ce qui vous a poussé et continue à vous pousser à continuer ?

Les arts martiaux sont une force, un outil de progression personnel et de communication sociale, ils permettent souvent à des jeunes qui ne trouvent pas de réelle motivation dans leur parcours scolaire, de s'épanouir dans une autre voie.

Ensuite ils permettent de traverser les épreuves de la vie de manière moins impactantes. D'abord, on veut être le plus fort puis on veut être fort puis on aime la pratique et ce qu'elle nous apporte, puis on a des amis de pratique, puis on prend conscience profondément que l'on fait partie d'une chaîne de transmission et que les arts martiaux sont une famille avec un langage commun. Alors vient la responsabilité de ce que l'on fait de l'héritage que l'on nous a transmis.

Ce qui me pousse à continuer maintenant c'est l'échange à des profondeurs variables avec mes amis de pratique.

Pour vous, qu'apportent les arts martiaux sur le point de vue physique, mental et spirituel ?

Une force et la faculté de savoir se placer à tout niveau. Ils apprennent l'humilité par le travail et la bonne santé par l'exercice physique. En résumant, ils apprennent à nous trouver et à nous situer dans la société.

Avez-vous des références de maîtres ?

Des exemples qui vous ont motivé et qui vous motive toujours ?

Enormément...

Je ne peux citer tout le monde. Alors je nommerai seulement mes professeurs que j'ai bien connus : Henri Garcia, Michel Coquet, Pierre Portocarrero, Shinpo Matayoshi, Takashi Kinjo, Kenyu Chinen, Yukinobu Shimabukuro, Kanmei et Kansho Uechi, Guy Sauvin.

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Actuellement je travaille toujours avec Yukinobu Shimabukuro, Guy Sauvin et Takashi Kinjo.

Yukinobu Shimabukuro est et a toujours été un exemple de droiture, de gentillesse et de persévérance.

Guy Sauvin m' apporte énormément sur l'étude approfondie des techniques et induit en moi une progression personnelle faite de sensations et d'esprit critique.

Takashi Kinjo est un Maître pédagogue dont seul le regard suffit pour comprendre où est le travail à effectuer.

Ces trois Maîtres sont des exemples pour moi et je les remercie du fond du coeur pour le temps passé ensemble.

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Une petite mention spéciale pour Bernard Sautarel avec qui je travaille de façon ponctuelle et qui me permet d'associer par un travail interne, mes connaissances théoriques de la Médecine traditionnelle chinoise et et la pratique des arts martiaux.

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Jean Smith avec Takashi Kinjo Sensei dans son Dojo à Okinawa

Jean Smith entouré de Guy Sauvin (Karaté

Jean Smith entouré de Guy Sauvin Sensei (Karaté Martial) et de

Yukinobu Shimbabukuro Sensei (Uechi-Ryu)

Que représente la ceinture noire pour vous ?

Le commencement du vrai travail et du plaisir de pratique. On a enfin les outils pour débuter un apprentissage réèl.

Vous avez débuté par le Karate Shotokan puis le Genbukai avant de vous diriger vers le Karate Uechi-Ryu et le Kobudo. Pourquoi ce changement d'art ?

Avez vous gardé des choses des styles précédents que vous avez pratiqué ? Le changement d'un style japonais à un style d'Okinawa n'a pas été trop compliqué ?

Le Shotokan m'a permis de me donner une première forme de travail et de commencer le Karaté.

Le Gembukai m'a permis de comprendre l'étendue technique du Karaté-Do. Pierre Portocarrero est un pratiquant de haut niveau qui connaît énormément de Kata dans leur forme souvent très ancienne. Le Gembukaï a été la phase intermédiaire indispensable pour passer d'un Karaté japonais assez "carré" à la rondeur okinawaïenne.

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J'aime le Uechi ryu et son pragmatisme efficace.

De plus le renforcement du corps bien pratiqué a des effets bénéfiques sur la santé. C'est un style qui réunit très bien les aspects durs et souples de la pratique, l'interne et l'externe, le yin et le yang.

J'ai pratiqué les Kobudo japonais et okinawaîens avec Michel Coquet qui les avait appris de ses propres Maîtres, Risuke Otake et Sano Teruo. Puis j'ai approfondi le kobudo d'Okinawa, tout d'abord avec Maître Shinpo Matayoshi puis avec Kenyu Chinen et enfin avec Takashi Kinjo qui m'a donné la responsabilité technique de son école pour l' Europe.

Le Kobudo, pour moi, est inséparable de la pratique du Karaté-Do.

Il en est le complément avec des notions de danger et donc de concentration plus importantes.

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Vous avez suivi à Okinawa l'enseignement d'un des plus grands maîtres de Kobudo, Shinpo Matayoshi Sensei. Pouvez-vous nous parler de votre rencontre ? Pouvez-vous nous parler un peu de lui ? Comment se passaient les entraînements ?

J'ai rencontré Shinpo Matayoshi au marché de Naha dont il était un des principaux propriétaire.

Sa connaissance théorique et pratique des arts martiaux faisait de lui un trésor national au Japon. Il était très curieux de connaître l'évolution du Karaté et du Kobudo en Europe et me posait beaucoup de questions.

Le matin je m'entrainais seul dans son dojo et il venait souvent simplement me regarder et corriger ma pratique du Kobudo. Il était d'une grande disponibilité et m'invitait régulièrement à déjeuner. Il me donnait souvent des conseils sur la vie et son langage était parfois très direct.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Techniquement parlant, il était d'une grande souplesse et d'une grande adaptabilité. C'était un homme très intelligent avec une culture des arts martiaux extrêmement étendue. J'ai compris bien plus tard la valeur de ce qu'il m'avait transmis.

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Jean avec Shinpo Matayoshi Sensei en 1990

Pour vous quelle est la place des KATA dans le Karate et dans votre pratique ?

La place du Kata dans la pratique est centrale.

Il nous donne des clés de placement personnel à la fois physiques et énergétiques, puis il nous apprend à avoir une influence sur l'espace autour de nous. Il est directement lié au combat de par les principes qu'il contient. Les techniques ne sont souvent que l'arbre qui cache la forêt.

Un Kata contient tous les principes du karaté en lui-même. Il faut bien évidemment les mettre en pratique réaliste après dans un travail à deux.

Quelle est la place des saluts, du cérémonial ''Reishiki'' dans le Karate  et dans votre enseignement?

Le cérémonial est essentiel car il permet de nous relier au monde et au(x) partenaire(s) avec qui l'on travaille. Il permet de trouver l'attitude juste en relation avec un placement juste. Il doit être vécu pleinement et non pas vide. Il faut savoir pourquoi et donc comment on salue par exemple. Il doit être adaptable : Le rei shiki n'est pas le même à Okinawa et au Japon par exemple.

Vous êtes allé de nombreuses fois à Okinawa suivre l'enseignement de grands maîtres, l'enseignement martial des Dojo d'Okinawa est-il différent de l'enseignement des Dojo français ?

A Okinawa la pratique est à la fois conviviale et profonde. La capacité de concentration d'un Okinawaïen est bien supérieure à celle d'un français et je pense que cela est relié à la question précédente : le Rei Shiki ou la conscience du geste.

Je dirai qu'à Okinawa la pratique est décontractée mais sous-tendue par un respect naturel des lieux et des gens. En France la pratique peut être rigide mais manque parfois un peu de respect. Je parle du respect de la pratique en elle-même, c'est à dire de la manière de faire les choses, non pas d'une attitude plaquée par imitation

En 2019, le grand maître Takashi Kinjo Sensei est venu en France pour plusieurs stages exceptionnels, comment a t-il perçu le Karate français et ses pratiquants ?

Il a été très heureux de venir et a trouvé le niveau des pratiquants français élevé. Il a trouvé néanmoins la pratique souvent dure et rigide. Pendant les cours, il disait souvent : "Yukuri"... Ce qui veut dire "avec douceur, lentement..." Ce qui est un peu surprenant quand on connaît sa rapidité d’exécution technique. Nous avons là le paradoxe apparent du yin et du yang, la douceur qui amène la force.

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Il a beaucoup aimé l'ouverture de pratique, notamment qu'à ses stages, il y est des pratiquants de tout bord : Shotokan, Shito, Wado, Goju, Uechi et notamment des gens de très haut niveau : 8ème et 9ème dan. Il en a été très heureux.

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 Les arrières petits-fils de Kanbun Uechi, le fondateur du style Uechi-Ryu, Kansho Uechi Sensei et Kanyu Uechi Sensei sont également venus en France. Comment eux aussi ont-il perçu la pratique en France, le niveau des pratiquants ?

Ils ont également trouvé le niveau technique élevé.

Kansho Uechi a beaucoup insisté sur le placement fin et précis du corps, cela au millimètre près. A travers son rôle de Soke, il insiste beaucoup pour préserver le sens profond des techniques. Pour lui, il faut bien comprendre le bon placement à travers des principes de fond avant d'évoluer vers une pratique plus personnelle. Je crois qu'ils ont beaucoup apprécié l'ambiance française et l'investissement profond des pratiquants.

Néanmoins ils ont insisté aussi sur l'aspect "tranquille" et "naturel" de la pratique. A Okinawa, on pratique de manière persévérante mais amicale et décontractée. Ce qui n'empêche pas que l'on transpire abondement.

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 En plus de votre pratique en tant qu’enseignant, avez-vous une routine chez vous?

J'essaie de pratiquer tous les matins : Tai chi, Kobudo et karaté, étirements et renforcement.

En 2020, vous êtes reconnu Expert Fédéral Uechi-Ryu au sein de la Fédération Française de Karate. Comment prenez-vous cette responsabilité ?

Je considère cette responsabilité comme un leg de la part du Maître Yukinobu Shimabukuro, à travers une reconnaissance officielle de la fédération française. C'est un poste qui oblige d'envisager l'avenir en se basant sur l'expérience du passé.

Comment peut évoluer le Uechi ryu en France et même dans le monde ? Nous avons dernièrement constitué un groupe de recherche au sein de l'URKDE afin de réfléchir à l'enseignement du Uechi ryu en Europe.

Je ne suis pas seul à porter cette responsabilité, d'ailleurs, puisque je la partage avec mon ami Didier Lorho qui lui, est situé en région parisienne.

Quels sont vos projets ?

Retourner à Okinawa le plus tôt possible. Continuer à pratiquer, à apprendre et transmettre. Diffuser le plus possible le Koburyu (école de Takashi Kinjo) et le Uechi ryu en Europe.

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Un mot pour la fin ? Quelque chose à rajouter ?

Comme dirait mon ami Lionel Froidure "Quand on est pratiquant, il faut pratiquer".

Il faut le faire avec passion et engagement et ne pas se poser de fausses limites. Il faut comprendre du mieux possible le message des anciens et, à partir de là, être soi-même créatif. Comme dirait aussi mon ami et Senseï Guy Sauvin :

"On est tous sur le chemin, mais il faut savoir où l'on en est sur ce chemin, et cela de manière de plus en plus juste et responsable."

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