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CHRISTIAN COURTONNE

7ème dan de karaté. Masseur Kinésithérapeute.

Professeur de karaté diplomé d'Etat. Professeur de Yoga.

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Pouvez-vous vous présenter ?

Je m'appelle donc Christian Courtonne, 70 ans cette année, 50 années de pratique d'arts martiaux, surtout le Karaté qui me passionne toujours.

Racontez-nous vos débuts dans le monde des arts martiaux. Comment êtes vous arrivé à la pratique des arts martiaux ? Par quel art ? Maître ? Dojo ?

J'ai commencé le karaté en 1968, jeune homme 1.82 pour 67 kilos. Autant dire que je n'avais rien d'un athlète, mais rapide. De toute façon à Villejuif où j'ai grandi, il fallait être costaud ou rapide, et je me rappelle qu'à chaque récréation à l'école, il y avait des cheveux arrachés, des dents par terre, des points de suture…

C'est bien sûr l'attrait pour apprendre la technique fatale qui m'a attiré, et là, vous parlez plus loin d'Henry Plée, un génie du marketing, on prenait le bottin téléphonique, les pages jaunes pour choisir un club. En tête de la liste il y avait bien sûr l'académie française des arts martiaux, AFAM, rue de la montagne Sainte Geneviève à Paris. Académie çà faisait en plus sérieux, donc on y allait.

Je ne remercierais jamais Henry Plée pour son sens commercial, puisque l'enseignant était maître Kase que j'ai suivi jusqu'à son départ en 2004.

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Carte de membre du Dojo de maître PLEE

Qu'est ce qui vous a plu ? Ce qui vous a fait aimer les arts martiaux ? Ce qui vous a poussé et continue à vous pousser à continuer ?

Ce qui m'a plu, le livre de Guy Sauvin sur l'histoire du Karaté français vous fait vivre cette époque, c'était l'émerveillement permanent. La pédagogie de maître Kase, les entraînements avec Shirai, Oenoida, Asai, Tabata, Abe Yahara., on s'entraînait ensemble vous vous rendez compte l'intensité de la période. C'est ce Karaté qui m'a toujours plu. J'ai participé en 1973 avec l'équipe de France Shotokan aux premiers championnats du monde IAKF à Tokyo. Magnifique instant de sérénité, de respect, de tradition, et des combats!!!!!

Il y avait des répliques de ce championnat en France et en Europe jusqu'en 1976, date pour moi du moment ou le Karaté en France a vrillé, quand on a séparé les combats des Katas, pour s'appauvrir tranquillement jusqu'à ce que l'on voit aujourd'hui, un champion qui fait un saut périlleux arrière après une victoire et fait le tour du Tatami en se tapant sur la poitrine.

Heureusement , dans cette évolution, il y a eu de grands champions , comme Le Hetet ou Seydina Balde, de véritables guerriers, mais il y en a eu beaucoup d'autres. le Karaté français avait d'excellentes bases, grâce au travail de ses pionniers.

Pour vous, qu'apportent les arts martiaux sur le point de vue physique, mental et spirituel ?

J'écrivais un jour que le Karaté est pour moi un moving Zen, ce n'est pas de moi, mais je le vis comme cela. Je pratique Zazen avec de vrais disciples de maître Deshimaru, Philippe Coupey, Jean Claude Saint Prix. C'est la même chose, une méditation de l'homme entre le ciel et la terre, ce mélange de tension et de relâchement qu'expliquait très bien maître Kase.

On pratique en se levant le matin, et on arrête en se couchant le soir. Chaque instant doit être l'occasion de la recherche de la perfection, dans sa posture, sa respiration, ses pensées.

En Kimono, on cherche aussi tout cela en se testant dès que l'on peut. Sur le plan physique le Karaté est la seule discipline de combat où l'on travaille tous les muscles, toutes les articulations en essayant de dépasser toujours ses limites.

Et puis il y a la transmission, l'enseignement. Cela fait aussi partie du parcours.

Apprendre Heian Shodan à un débutant qui veut apprendre. Le Karaté, c'est un projet sur toute une vie, et c'est pour cela d'ailleurs que tous les anciens de maître Kase sont régulièrement en contact. C'est mille fois plus passionnant que d'enseigner à un 5ème Dan qui fait Unsu dans tous les sens mais qui ne sait pas bloquer un Tsuki et pleurniche si on lui frotte une côte.

J'enseigne à un groupe de passionnés , avec Sadek Mazri et Guy James au Dojo 5 dans le 5éme arrondissement à Paris, cela fait aujourd'hui partie de ma vie.

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Article paru dans Dragon Magazine N°35

Avez-vous des références de maîtres ? Des exemples qui vous ont motivé et qui vous motive toujours ?

Oui, je vous l'ai dit, maître Kase que j'ai connu quand j'étais 5ème Kyu, maître Deshimaru à travers Philippe Coupey et Jean-Claude Saint Prix. Je suis aussi très impressionné par les vidéos de maître Ueshiba. Quelle élégance dans le geste, les déplacements.

Choix très élitiste comme vous le voyez, mais j'ai eu la chance pour les deux premiers de participer à l'épopée.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le maître Henry PLEE ?

Je vous l'ai dit, sans Henry Plée, je n'aurais jamais rencontré maître Kase. Homme d'affaires, bon Judoka et Karatéka.

Je l'ai vu par contre une fois en combat réel à Saint Raphaèl, l'été 1969 contre deux ceintures noires, il les a passé par la fenêtre d'un RDC sur élevé, les deux types ne sont pas revenus. Là il m' appris la détermination.

En plus de votre pratique en tant qu’enseignant, avez vous une routine chez vous?

Bien sûr, tous les jours, des assouplissements, du yoga et du travail à l'élastique avec les belles techniques du Karaté, j'en parle dans le prochain numéro du magazine Self Dragon, article réalisé avec Richard Segissement.

Dans la nature ou au Dojo, bien sûr la pratique des Katas, le Makiwara, en fait comme il ya 50 ans, avec moins de combat, car enfin à 70 ans, en s'est quand même déjà un peu testé.

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Dans un article de Dragon magazine, vous avez sous entendu que le Kime du Karate était le même qu'en Systema, pouvez-vous nous en parler plus en détail ?

J'ai eu la chance de rencontrer Ryabko, un des fondateurs du Systema.

Un Kime qui sort de nul part, sur une toute petite distance, comme les attaques Ko Aza de maître Kase, aussi pénétrante.

Je ne suis pas du tout spécialiste du Systema, mais j'ai vu les entraînements dirigés par Ryabco, il ne s'agit pas de Kime dans le vide, mais d'un véritable transfert d'énergie entre deux partenaires. Le Kime que l'on travaille dans le vide dans le Kihon est un travail qui met en oeuvre les muscles qui bloquent l'attaque.

 

Sans travail au sac, Makiwara ou Pao, c'est contre productif. Maître Kase nous faisait travailler toutes les possibilités de pénétrer l'adversaire à partir des techniques de frappe, et c'est là que je vois aussi le rapport.

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Le contact n'est pas unique, il y a plein de variations possibles, de la frappe sèche que l'on a en affrontement sportif, à la frappe en profondeur qui rentre dans l'adversaire. Ce que j'ai vu du Systema est aussi l'entraînement en apprivoisant son corps et celui de l'adversaire, des chutes souples sur le corps du partenaire par exemple, là c'est un excellent complément à l'entraînement du Karaté où parfois chacun joue sa partition sans s'occuper du partenaire.

Pour répondre complètement à votre question, il faudrait une interview complète sur le Karaté de maître Kase, l'école Shotokan Ryu Kase Ha.

L'autre point commun, c'est le réalisme, il n'y a pas d'Ura Mawashi Jodan qui n'écraserait même pas une mouche.

Beaucoup de non pratiquants de Karaté pensent que c'est une discipline rigide et dépassée que pouvez-vous leur répondre ?

Pour aimer le Karaté, il faut en aimer sa culture, le Japon, la légende des Samouraï, avoir une réflexion spirituelle sur le bouddhisme par exemple ou autre…

Dans les années 60 et 70, on avait dans les clubs toute la clientèle aujourd'hui du Sytema, Krav Maga, MMA….. Il y avait ou boxe, ou Judo ou Karaté.

Maître Kase nous disait que le contrôle c'est bien, mais si vous décidez avec votre partenaire de ne pas contrôler et êtes d'accord, c'est bien aussi. Donc tout le monde y trouvait son compte, on tapait au sac, au Makiwara, on faisait de la self défense, de la musculation dans la petite salle rue de la montagne, les combats étaient parfois appuyés.

Pour moi le Karaté, c'est tout sauf rigide.

Kata veut dire se mouler dans la forme. Si vous considérez que respecter la forme des Katas créés par les maîtres c'est rigide, vous n'avez pas compris la démarche qui est de contrôler son ego. C'est sûr, ce n'est pas la génération selfi, moi devant la tour Eiffel, moi devant les pyramides… Il faut savoir passioner les élèves.

Technique dépassée en combat? Pas du tout, le Karaté c'est le combat plus autre chose, la magie des arts martiaux.

Passez donc à Dojo 5.

Quels sont vos projets ?

  1. Bien vieillir dans mon Karaté, et bien transmettre

  2. Des projets d'ouvrages. Vous savez que j'ai écris le premier livre au monde sur l'anatomie d'un sport, c'était ''L'anatomie du Karaté'' en 1990, publié en 1993. Aujourd'hui, lorsque vous visitez le rayon sport des librairies, vous avez l'impression qu'ils vendent des livres pour la préparation du CAP de boucher. Quand je fais des squats , je travaille le gigot, quand j'inspire c'est l'entrecôte. L'idée est usée car on en a abusé. Mais c'est surtout du descriptif, parfois approximatif J'en prépare un actuellement, 30 ans après sur la gestion du corps, à partir du magnifique message des arts martiaux japonais . Mais si vous lisez le magazine Self Dragon, vous suivez mes péripéties.

  3. Des interventions prochaines en entreprise sur la gestion du corps, gros chantier actuellement proche d'aboutir

Un mot pour la fin ? Quelque chose à rajouter ?

Ne pas douter, le Karaté traditionnel est un diamant, le Karaté sportif en a utilisé un tout petit morceau, l'essentiel est resté.

Si un message à tous les profs, respectez l'éthique dans votre Dojo, le salut, le Kihon, les Katas, les Kumité codifiés, libres, faites venir dans votre club de véritables anciens, comme Jean Pierre Fischer par exemple, qui transmettent la vraie tradition.

Il n'y a pas que le Karaté Shotokan, il ya aussi les disciplines d'Okinawa qui présentent un regain d'intérêt bien mérité aujourd'hui.

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Entretien martial Christian Courtonne - Mai 2019

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