ARESKI OUZROUT
7°Dan Karate Do Shotokan
Auteur de nombreux ouvrages sur le Karate
Pouvez-vous vous présenter ?
Avant tout, merci de me donner l’opportunité de m’exprimer. Je m’appelle Areski Ouzrout, j’ai 59 ans et je pratique le karaté depuis plus de 45 ans maintenant. Depuis mes débuts je ne me suis jamais arrêté et j’ai toujours pratiqué assidument, pratiquement tous les jours.
Je suis actuellement 7ème dan et titulaire du brevet d’état d’éducateur sportif deuxième degré (BEES2).
J’ai participé en tant que cadre aux formations de formateurs au sein de la Fédération Française de Karaté à partir de 1990, au sein du département formation alors dirigé par Gérard Chemama et Henri Herbin. Puis en 2000 quand les départements de l’Ile-de-France ont adopté le statut de Ligue, j’ai eu la chance d’être choisi pour diriger l’Ecole des cadres du Val-de-Marne jusqu’en 2016 en compagnie de mon ami Jean-Claude Blind.
J’ai donc eu l’occasion dans ce cadre de former des professeurs et les préparer aux divers examens fédéraux et nationaux : AFA, DAF, DIF, BEES1. Cette expérience a été très importante dans mon parcours car il y a dans ces formations beaucoup d’échanges et de réflexion, la parole est libre et constructive. Ce fut très formateur pour moi, les stagiaires m’ont beaucoup appris et je les en remercie profondément.
Alors qu’au départ j’avais passé mon brevet d’état 1er degré (BEES1) par curiosité, par soif d’apprendre, le diplôme en poche je me suis vu proposé d’enseigner dans des clubs, je crois que c’était en 1986. Ça fait donc pratiquement 35 ans que j’enseigne le karaté de manière professionnelle. Aujourd’hui je m’occupe des clubs d’Asnières (92) et de Meudon-la-Forêt (92) avec de fidèles amis et collaborateurs qui m’accompagnent dans cette aventure passionnante.
Par ailleurs, j’ai découvert le Systema en 2011 lors de différents stages et c’est en 2016 que j’ai commencé la pratique en club avec Jérôme Kadian qui est un pionnier de cette discipline en France. Le Systema est un art martial russe passionnant dont la méthode est, au départ, déconcertante quand on est passé par différents arts martiaux. Cependant, j’y ai trouvé une confirmation de mes recherches en karaté, notamment sur les katas et les bunkai. En effet, je m’intéressais à identifier des principes de combat et à les utiliser pour construire sa propre structure technique. J’ai alors trouvé des points de convergence entre mon analyse du karaté et le Systema, c’est pourquoi j’arrive à marier ces deux approches. Le Systema m’a également permis d’acquérir des connaissances dans la gestion des émotions et la psychologie du combat.
Bien que je passe beaucoup de temps dans les dojos, que ce soit pour enseigner ou m’entraîner personnellement, j’ai toujours eu un autre métier. J’ai été éducateur au Ministère de la justice pendant presque 30 ans, je m’occupais alors d’adolescents et de jeunes adultes en difficulté. Aujourd’hui je suis Conseiller principal d’éducation à l’Education Nationale dans un quartier d’éducation prioritaire. Le contact avec des publics en difficulté me confronte quotidiennement à la gestion de crises. Il me faut donc gérer mon stress et mes émotions, avoir l’esprit de décision, savoir communiquer, désamorcer des conflits ou les interrompre. Autant de capacités et de situations où les enseignements des arts martiaux peuvent être mis en pratique.
Vous êtes également l'auteur de nombreux livres, notamment un excellent livre sur les Bunkai.
Avez-vous comme projet d'écrire d'autres ouvrages ?
Oui, j’ai écrit plusieurs ouvrages, tous chez Budo éditions : « Bunkai, l’art de décoder les katas » (2012), « Karaté, l’efficacité à portée de main » (2015), « Karaté, une nouvelle approche » (2019). Je suis également l’auteur de plusieurs articles sur mon blog, sur des sites internet et dans la revue Yashima.
J’attends maintenant avec impatience la publication, fin février, de mon quatrième ouvrage intitulé « La vie est un dojo » ou comment intégrer sa pratique dans sa vie quotidienne. Ce livre est composé de 365 fiches, une pour chaque jour, afin que chacun puisse nourrir sa passion des arts martiaux au quotidien. C’est un ouvrage qui s’adresse aux pratiquants de toutes les disciplines et je pense qu’il pourrait également intéresser un public néophyte ayant une sympathie pour les arts martiaux. Je remercie au passage Jean-Marc Chamot expert d’Aïkido et Jérôme Kadian, expert de Systema pour avoir préfacé mon ouvrage.
Actuellement, j’ai d’autres projets et j’ai déjà mis la main à la pâte. J’ai l’intention de continuer à écrire. Les lecteurs m’y encouragent. Dans leurs témoignages, ils m’écrivent que je leur apporte quelque chose de nouveau et de motivant. C’est donc un honneur de pouvoir partager mon expérience, mes réflexions et mes recherches par l’écriture. Cela m’oblige également à approfondir mes recherches qui me font avancer, progresser. J’espère, que lorsque la pratique sera de nouveau autorisée, que la crise sanitaire sera derrière nous, pouvoir animer des stages afin de partager plus concrètement mon expérience et mes connaissances.
Racontez-nous vos débuts dans le monde des arts martiaux. Comment êtes-vous arrivé à la pratique des arts martiaux ? Par quel art ? Maître ? Dojo ?
J’ai commencé la pratique des arts martiaux en autodidacte, par le karaté, j’avais alors environ 12 ans. Avec mes frères et mes quelques amis, nous passions la plupart de notre temps dans la rue. Je n’étais pas un bagarreur, mes amis non plus. Cependant, quand vous êtes toujours dehors, même si vous êtes relativement sage, vous vous exposez à de mauvaises rencontres et des expériences qui ne sont pas toujours faciles ni souhaitables.
Mes amis et moi étions arrivés à la conclusion qu’il nous fallait apprendre à nous défendre. Au début des années 70, en ce qui concerne les arts martiaux, l’offre était assez limitée. C’est donc assez logiquement que nous nous sommes tournés vers le karaté qui nous séduisait par son exotisme, sa promesse d’efficacité et son côté mystérieux.
Avec un de mes amis nous sommes allés à la bibliothèque et nous avons consulté les deux seuls livres qu’il y avait sur le karaté, l’un d’eux était « Le guide Marabout du karaté » de Roland Habersetzer. Armés de cet ouvrage nous avons commencé l’étude du karaté, seuls, dans la cour de l’immeuble quand il faisait beau et dans le hall de celui-ci quand il pleuvait. A l’âge que nous avions, il était difficile de tout comprendre et nous n’avions pas de modèle visuel autre que les photos. Néanmoins, très rapidement nous avons appris les techniques de base et même le cinq katas Heian. Quand on avait la chance de rencontrer quelqu’un qui pratiquait le karaté, on le submergeait de questions, lui demandait des démonstrations. Hélas, trop souvent nous restions sur notre faim.
A cette époque, j’aurais bien aimé m’inscrire dans un club et profiter de l’enseignement d’un professeur. Le problème était que je n’en avais pas les moyens financiers. Ma mère nous élevait seule et nous étions sept enfants. Il n’y avait donc pas d’argent pour les loisirs ou autres choses non vitales.
Un jour ma mère fît la connaissance d’une voisine dont le professeur enseignait le karaté. J’avais alors 14 ans. Le tarif des cours était très abordable, on pouvait payer chaque mois. C’est donc avec cet enseignant, Brahim Djebbar que j’ai commencé la pratique dans le club de l’Amicale des algériens en Europe en janvier 1976.
Pour ceux qui connaissent, ce club était affilié à la fédération de maître Cocâtre. Cela nous permettait de participer à des compétitions, même si nous n’avions pas la nationalité française.
Cependant, après presque trois ans, le professeur arrêta d’enseigner. Je me suis entraîné seul pendant plusieurs mois, utilisant les salles qui étaient à la disposition de l’association. Les autres adhérents ne venaient plus, même les quelques ceintures noires que comptaient notre club.
Je me suis donc ensuite entraîné dans le club de ma ville, à Charenton. Ce club était affilié au groupe de Patrick Tamburini. J’ai eu l’occasion de le rencontrer quelques fois car il faisait régulièrement un passage dans les différentes structures de son association. Celle-ci était d’ailleurs très active et en pleine expansion.
Pourtant, depuis le début de mon intérêt pour le karaté, c’est avec Jean-Pierre Lavorato que je voulais m’entraîner. J’avais eu l’occasion de le voir alors qu’il enseignait dans le club de Charenton avant que François Petitdemange ne prenne sa succession puis les enseignants du groupe de Tamburini. A cette époque, les cours du club de Charenton se déroulaient dans le complexe sportif qui héberge la piscine. Ce lieu était un peu comme un hall de gare. Il y avait beaucoup de passage et il m’était donc facile de m’installer dans les gradins pour observer le cours de karaté.
La présence de Jean-Pierre Lavorato, sa vitesse, sa détermination, m’avaient subjugué. Je me souviendrais toujours d’un enchaînement qu’il faisait travailler : Mae-Geri suivi de Jôdan-Age-Uke et de Gyaku-Tsuki. J’avais alors 12 ans et je m’étais dit qu’un jour je m’entraînerai avec lui. Lorsque j’ai eu 18 ans, j’ai travaillé durant l’été pour pouvoir payer la cotisation au club de Vincennes où enseignait Jean-Pierre Lavorato.
Ce club existe toujours et s’appelle aujourd’hui le Cercle Tissier.
Donc en septembre 1979 je commence l’entraînement avec Jean-Pierre Lavorato. Ce fût dur pour moi. Je me suis alors rendu compte que mon niveau était lamentable, mes techniques très approximatives. Après mon premier cours j’étais déprimé. Je me demandais si je ne ferais pas mieux d’arrêter le karaté car je me trouvais nul et sans aucun talent pour cette discipline. Ce fût un choc terrible.
J’ai pleuré toute la nuit car mon rêve s’écroulait. J’avais l’impression de me fissurer, de ne pas être à la hauteur de mon engagement. C’est, cependant, un aspect très matériel qui m’a fait aller au cours suivant, l’argent. En effet, comme j’avais payé la cotisation annuelle avec un argent durement gagné et au sacrifice de mes vacances scolaires, il m’était difficile de ne pas continuer d’aller aux entraînements. Je me suis donc accroché et je me suis dit qu’il fallait tout réapprendre, que le mieux était de me considérer comme un débutant et que je ne savais rien. Cette attitude m’a vraiment aidé. Ce fût dur pour mon ego mais salvateur pour moi.
A cette époque je n’étais pas familier avec la notion de lâcher prise. C’est pourtant grâce à cela que j’ai pu continuer à poursuivre ma passion et grandir avec le karaté et les arts martiaux. En effet, quand j’ai lu le livre de Roland Habersetzer, que j’ai commencé à m’entraîner au karaté, je savais en mon for intérieur que je m’engageais pour la vie.
Qu'est-ce qui vous a plu ? Qu’est-ce qui vous a fait aimer les arts martiaux ? Qu’est-ce qui vous a poussé et continue à vous pousser à continuer ?
La motivation évolue et se transforme sans cesse. Je suis arrivé au karaté pour apprendre à me défendre mais ce que j’y ai trouvé est bien plus important que cela. Généralement, c’est la partie émergée de l’iceberg qui attire dans un premier temps ; puis c’est l’autre partie, plus importante et plus profonde, qui nous fait rester. Comme je l’ai dit précédemment, j’avais été marqué par le livre de Roland Habersetzer « le guide Marabout du karaté ». Ce ne sont pas les techniques présentées dans le livre qui m’ont vraiment impressionné et influencé dans mon engagement en karaté. En fait, ce sont les aspects philosophiques qui y sont exposés et développés qui m’ont questionné et séduit. Je découvrais alors une dimension nouvelle, inconnue. Je n’avais que 12 ans et donc, bien sûr, je n’avais pas tout compris. Cependant, je découvrais que le karaté n’était pas uniquement un art de combat mais quelque chose de plus grand, quelque chose qui pouvait m’accompagner dans la vie et qui méritait un engagement total. Donc, en lisant ce livre, j’ai ressenti un appel profond en moi, comme si les pages de cet ouvrage écrivaient mon destin. Grâce à ce livre j’ai rencontré le karaté et réciproquement, je savais dans mon cœur qu’un pacte était scellé. Je remercie profondément Roland Habersetzer pour m’avoir ouvert la porte du karaté grâce à ses livres fascinants. Je sais que nous sommes nombreux à lui être redevable.
Cependant, quand on chemine dans les arts martiaux, le karaté en ce qui me concerne, il y a inévitablement des hauts et des bas. La motivation fluctue, les doutes nous assaillent. Il est donc difficile de garder le cap, de s’entraîner sans relâche et de ne pas céder à la tentation de pratiquer une discipline plus prometteuse, plus aguicheuse, plus dans l’air du temps. En effet, il ne sert à rien de papillonner d’une discipline à l’autre sans jamais en approfondir aucune.
Pour ma part, ce sont les relations que j’entretenais avec mes camarades d’entraînement et mes professeurs qui m’ont donné la force et la motivation de continuer. Ensuite, en évoluant dans la pratique, en devenant enseignant, mon devoir envers les élèves qui me font confiance fut également une source d’encouragement à être présent à chaque cours, à élever mon niveau de pratique et de compréhension pour leur apporter le maximum qui m’est possible de donner. Puis enfin, les rencontres avec différents experts, en France et à l’étranger, n’ont fait qu’ancrer plus profondément en moi mon intérêt pour les arts martiaux. Ces rencontres, loin d’étancher ma soif de savoir, ne faisaient que l’attiser plus encore.
Plus j’étudie les arts martiaux, plus je les aime, plus j’aime la vie, plus je m’évermeille. Le travail du corps et de l’esprit, les échanges durant la pratique avec les partenaires, l’exploration de plus en plus profonde des principes, se découvrir chaque jour d’une manière différente, mieux comprendre les autres et mieux me connaître. Les arts martiaux illustrent la vie dans toute sa splendeur, sa complexité, sa force et sa fragilité. Ils nous apprennent à être plus humain et aller à la rencontre de l’autre. Par l’altérité on apprend à se définir, à devenir plus authentique, on apaise ainsi nos relations avec les autres et avec soi-même. On devient donc plus libre dans notre existence et cela se ressent dans la pratique de l’art martial bien évidemment.
Pour vous, qu'apportent les arts martiaux sur le point de vue physique, mental et spirituel ?
Les arts martiaux nous aident à explorer et à repousser nos limites sur le plan mental, technique et physique, ce que les japonais appellent Shin-Gi-Tai. J’aborderai plus loin l’aspect spirituel qui, à mon sens, chapeaute ces trois aspects.
Je vais aborder ces points un par un mais il ne faut pas oublier qu’ils sont indissociables et interdépendants. La recherche du pratiquant d’arts martiaux est d’agir et de vivre en unifiant Shin-Gi-Tai., l’esprit, la technique et le corps. De cette unité peut jaillir l’action juste au moment juste.
Sur le plan physique, le Karaté permet de développer notre corps, nos qualités physiques et nos habiletés motrices. Cependant, chaque art martial permet une formation du corps différente et il en est de même pour les nombreuses écoles de Karaté. Avec une pratique régulière, sur le long terme, chaque discipline permet à l’adepte de développer des muscles internes et l’utilisation des fascias. C’est ce travail en profondeur sur le corps, la matière, qui fait la différence avec des exercices à but gymnique.
Bien sûr, le corollaire à l’entraînement physique, si l’on sait être à l’écoute de son corps et qu’on le respecte, est le maintien en bonne santé. La difficulté réside donc dans la recherche et l’exploitation de nos limites sans se détruire. Pour progresser en restant en bonne santé, il faut être patient. Hélas, beaucoup de pratiquants viennent aux arts martiaux pour apprendre à se défendre mais deviennent leur propre ennemi en se blessant ou en usant prématurément leur unique corps physique. A mon avis, apprendre à se défendre commence par prendre soin de sa santé. Cela passe par l’exercice physique mais également par une hygiène de vie, notamment l’alimentation, l’évacuation du stress, la gestion des émotions et des pensées négatives. Pour moi, tous ces éléments font partie de l’entraînement et son intégrés dans ma vie quotidienne.
Le mental est en lien avec notre esprit, nos pensées. Corps et esprit sont liés et communiquent entre eux. Le corps influence notre esprit et inversement. Dans l’étude des arts martiaux, le mental est à la fois l’outil le plus puissant et également le plus difficile à appréhender et à maîtriser. Cependant, il n’y a aucune limite d’âge ou de capacité physique pour travailler sur son esprit. Le Karaté, les arts martiaux, permettent d’explorer les capacités de notre mental. C’est par lui que passent le contrôle du corps, la gestion des émotions, la façon dont nous appréhendons le monde qui nous entoure. Nous voyons le monde en fonction de nos pensées et de nos croyances, donc en quelque sorte nous créons notre réalité. Ainsi, on peut utiliser notre esprit pour changer notre perception du monde et vivre la vie que l’on souhaite.
Cela nous amène donc à l’aspect spirituel. Je pense que nous sommes des êtres spirituels incarnés. Je ne parle pas de religion, même si dans celles-ci il peut y avoir une dimension spirituelle. Comme dans les arts martiaux, cette ouverture au spirituel dépend de chacun, de sa recherche et de sa façon de vivre sa foi ou son art. Pour moi, les arts martiaux nous aident à cheminer vers nous-même. Ce qu’on y trouve c’est notre divinité mais on peut l’appeler autrement. Comme je le disais, ce n’est pas une question de religion mais de recherche existentielle. On retrouve cette démarche dans le terme « Dô » du Karate-Do, de l’Aïkido, du Judo, du Kyûdo.
Pour terminer je vais aborder l’aspect technique. C’est la partie visible dans les arts martiaux, elle demande beaucoup de travail, de patience et de temps pour être maitrisée. Mais en même temps, ce n’est pas la partie la plus importante, il faut savoir s’en détacher au moment venu. La technique n’est qu’un moyen, pas une finalité, elle ne doit pas être sacralisée. Elle peut être comparée aux échafaudages qui habillent un bâtiment en construction et le soutiennent pour un temps donné. Cette structure externe est fondamentale car sans elle on ne peut pas ériger de bâtiment. Cependant, une fois la construction réalisée, les échafaudages deviennent inutiles, ils peuvent gêner les accès à l’édifice et gâcher sa beauté. Une fois terminé, le bâtiment peut exister sans la structure qui lui a permis d’exister.
La technique ne doit donc pas être un aspect extérieur à notre pratique, elle doit être intégrée au point où nous devenons la technique. Nous pouvons ainsi la réinventer, la déstructurer, la personnaliser, et l’oublier.
Dans la formation du karatéka, la technique est le marteau et l’enclume. Elle nous aide à forger notre corps et notre mental. Il faut cependant ne pas être pressé et comprendre que la technique est un moyen et non une fin en soi. Sinon, nous consacrons toute notre vie à faire un karaté de débutant et passons à côté du meilleur que cette pratique peut nous offrir. Mais ne vous méprenez pas, je ne veux pas dire que la technique doit être négligée, au contraire ! Pour ma part j’enseigne la technique avec une grande rigueur et beaucoup d’exigence. Autrement, elle ne peut servir à bâtir l’édifice et on se berce d’illusion. Et, je le répète, la technique n’est pas le but final mais un moyen dans notre parcours.
Avec vos plus de 40 ans de pratique du Karate, avez-vous vu une évolution de cet art depuis tout ce temps ?
Avant de répondre à cette question, je tiens à préciser qu’en réalité il existe plusieurs formes de Karaté. Ces pratiques ne s’opposent pas spécialement mais il est important de savoir ce que l’on fait et pourquoi on le fait.
Bien sûr il y a différentes écoles ou styles mais ce n’est pas vraiment mon propos. En effet, dans une même école il peut y avoir différentes formes de karaté également.
Pour faire simple, je dirais qu’il y a trois Karatés. Un karaté ayant un but de self-défense qui est la pratique d’origine tel que conçu à Okinawa. Puis un karaté pour le développement personnel, c’est celui qui fut enseigné à la métropole japonaise par Funakoshi Gichin, par exemple. Et enfin, il y a un Karaté compétitif apparu au milieu du XXème siècle au Japon qui s’est ensuite disséminé dans le Monde entier, devenant la vitrine de cette discipline et son vecteur de développement.
On peut retrouver ces trois axes de pratique chez un individu et cela ne pose pas de problème à partir du moment où l’on sait où l’on va et ce que l’on fait. Cependant, il y a beaucoup de confusion. Par exemple, beaucoup de gens font un karaté de compétition sans même s’en rendre compte, alors qu’ils ne participent jamais à des compétitions. Dans leur pratique ils travaillent en fonction des règles de compétition et se limitent énormément. Il arrive même que ces karatékas pensent pratiquer une méthode de self-défense alors que ce n’est pas le cas. Ces confusions nuisent au développement du karaté et aux pratiquants. Comment le public non averti peut-il appréhender correctement cette discipline si les pratiquants eux-mêmes ne savent pas ce qu’ils font ?
Je pense que c’est la composante compétition du karaté qui a le plus évolué. En effet, les règles changent constamment et les athlètes sont de plus en plus performants. Le problème est qu’on ne peut pas modéliser un combat réel en combat sportif. Une situation d’affrontement réel comprend de nombreux paramètres et beaucoup d’incertitudes ainsi que de la surprise. De plus, en compétition on s’affronte d’égal à égal avec fairplay, dans une confrontation réelle cela est rarement le cas. Quand un agresseur choisit une victime, ce n’est pas pour lui donner des chances de s’en sortir. La compétition a beaucoup d’intérêt mais il ne faut pas la confondre avec la préparation au combat réel.
Les deux autres formes de karaté orientées vers la self-défense et le développement personnel évoluent également en fonction du contexte social et du cadre fédéral. Il est donc normal que le Karaté des années 60 soit différent de celui des années 2000. Cette évolution s’accompagne du changement des méthodes d’enseignement, de la multiplicité des publics, du cadre fédéral. Le karaté de self-défense et le karaté de compétition sont très différents mais les deux peuvent devenir des voies de développement personnel.
Le karaté change, cela est certain, et c’est tout à fait naturel. Aujourd’hui il y a de nombreux experts de qualité en France et ailleurs, la pédagogie a également évolué, inévitablement il y eu des changements. Quand il n’y a pas d’évolution, ni de transformation, alors c’est la mort. Les évolutions ne sont pas toujours des progrès, elles apportent leur lot de choses négatives et positives. Cependant, il est important que le karaté continue à être un moyen qui permette aux individus de se rencontrer, de vivre ensemble, de se respecter et de s’aimer. Toutes les formes de karaté peuvent mener à cela, elles peuvent donc coexister.
Quelle est pour vous la place du Kata ?
Le Kata est à la fois le moule et le modèle. Il est également l’ADN du Karaté, il contient la mémoire des créateurs et leurs connaissances. Il contient aussi, de manière latente, les germes de nos futures innovations. Cependant, comme je l’expliquais plus haut concernant la technique, ce n’est qu’un moyen, pas une finalité. Le Kata est comme une barque, quand celle-ci nous a permis de traverser la rivière il est inutile de la porter sur le dos alors qu’on doit marcher dans la forêt. Je pense que dans l’idéal, un jour on ne doit plus avoir besoin des katas. On doit pouvoir se libérer de la technique.
Le Kata comporte plusieurs dimensions et occupe pour moi une place importante. Le kata permet également d’apprendre à contrôler notre corps et notre mental. Il y a plusieurs étapes dans son étude. Cependant, ce que l’on peut extraire du Kata pour l’utilisation en combat est également d’une grande valeur. En effet, il contient les principes de combat que l’on peut étudier et mettre en pratique à l’infini.
Cependant, je parle d’un idéal, et ceux qui ont connu quelqu’un comme Kase Teiji sensei, comprennent que ce dernier n’avait plus besoin des katas. Il incarnait le Karaté et était donc la technique et le kata en chair et en os.
Hélas, peu d’entre-nous atteindrons ce niveau et nous aurons probablement besoin de cet outil qu’est le kata toute notre vie mais il est bon de regarder loin devant soi, d’avoir une perspective sur le long terme. Je n’ai pas une vision linéaire de la progression, je pense plus en terme de spirale ou de vortex car tout est une affaire de cycles.
Nous avons à passer par différentes phases et répéter le processus maintes fois mais dans des proportions variées et à des niveaux de compréhension différents.
Areski Ouzrout avec les maîtres Enoeda et Kase
C'est quoi être ceinture noire pour vous ?
Je vais vous dire ce que représente la ceinture noire pour moi mais, avant cela, il faut se rendre à l’évidence que chacun a un point de vue différent sur ce sujet.
Il y a la vision du candidat bien sûr, celui qui est 1er kyû et qui se prépare à passer le grade du 1er dan.
Il y a aussi la vision des autres pratiquants, chacun en fonction de son niveau. En effet, la vision d’une ceinture blanche est probablement différente de celle d’un expert.
Une autre vision est celle de l’entourage du candidat et aussi celle du grand public, des néophytes.
Puis il y a la vision de la Fédération Française de Karaté, FFK, dont l’objectif est de promouvoir la discipline et de faire monter les effectifs, le nombre de licences.
Il y également la vision des membres du jury, chacun d’entre-eux ayant sa façon d’appréhender la ceinture noire.
Il y a aussi la vision de l’Etat puisque les grades, en France, font l’objet d’une législation qui en font des diplômes d’Etat.
Vous comprendrez donc que la ceinture noire est un symbole fort dont la représentation varie en fonction des personnes et des époques. C’est donc un sujet complexe qui souvent divise.
Comme je l’ai expliqué précédemment, la technique est pour moi un échafaudage qui permet de bâtir un bâtiment, un monument. Je comparerais donc la ceinture noire à la préparation de l’échafaude. C’est-à-dire qu’on met en place les éléments techniques fondamentaux pour pouvoir construire son propre monument. C’est donc le stade du début de la construction, et c’est vraiment à ce moment que l’on commence à se construire en tant que karatéka.
Aujourd’hui les gens sont pressés de passer leur ceinture noire, ils pensent que c’est le but ultime alors qu’il ne s’agit que d’un point d’étape. Pour bien bâtir, il est important que l’échafaudage soit bien installé, sans quoi on construit un château de carte. Finalement, en pensant gagner du temps, on en perd. Le meilleur guide et conseiller pour ne pas brûler les étapes reste le professeur.
La ceinture noire 1er dan marque une étape importante chez le pratiquant. Je pense que cela l’engage à être exemplaire, à aider les autres à progresser et à continuer ses efforts pour cheminer vers son idéal.
La question des grades peut engendrer des débats sans fin. En fait, les grades n’ont que la valeur qu’on leur accorde. On pourrait très bien pratiquer sans système de grade, sans couleur de ceinture ou autre signe distinctif. Le niveau d’un pratiquant on le voit quand il travaille et cela devrait être suffisant. C’était d’ailleurs le cas avant que le karaté ne s’exporte en dehors d’Okinawa au début du XXème siècle. Quand Funakoshi Gichin s’est rendu à Tokyo pour représenter le karaté en 1922, il n’avait aucun grade et pourtant on ne pouvait douter de son niveau.
La motivation extrinsèque, le grade et les médailles par exemple, doit progressivement laisser place à la motivation intrinsèque comme le plaisir de pratiquer, le bien-être.
Certains disent que les arts martiaux traditionnels comme le Karaté sont en diminution, ont moins d’intérêt, qu’en pensez-vous ?
Nous vivons de plus en plus dans un monde où le paraître est plus important que l’être, où l’image est plus importante que le contenu, où le visible fait oublier l’invisible. Tout nous pousse et nous incite à la superficialité, à avoir tout rapidement, à obtenir des satisfactions immédiates, à ne pas faire d’effort. Dans ce contexte, l’attrait du public pour les arts martiaux traditionnels est probablement en baisse. Cependant, il y aura certainement un moment où des gens seront en quête d’authenticité et lèveront le voile des illusions d’une société consumériste et du « tout, tout de suite ». Je pense que c’est justement parce que le karaté et les autres arts martiaux traditionnels sont en rupture avec la frénésie de la société actuelles que ces disciplines peuvent devenir des refuges et des repères pour des gens qui ont envie de se recentrer et de trouver un alignement entre ce qu’ils font, ce qu’ils pensent et ce qu’ils sont.
Si l’on regarde les statistiques, c’est le MMA qui est en croissance. Le karaté a du mal à maintenir son nombre de licenciés stable. D’ailleurs, quand j’en parle avec des confrères professeurs, les effectifs des cours enfants se maintiennent et parfois sont en hausse, ce qui est rarement le cas pour le public adulte.
Il faut se rendre à l’évidence que le karaté souffre d’un déficit d’image : ceux qui veulent du combat trouvent que le karaté est trop soft et ceux qui veulent une pratique décontractée de loisir trouvent que c’est trop dur. La réalité est que chaque club est différent et qu’il y a plusieurs façons de pratiquer. La personne qui serait tentée de faire du karaté ne doit pas hésiter à visiter différents clubs pour trouver celui qui correspond à ses envies et ses attentes.
Avec vos très nombreuses années de pratique, vous avez côtoyé un grand nombre de maîtres et experts. Quelle fut votre plus belle rencontre ?
Comme je l’ai déjà avancé lors de la question concernant mes débuts, mon image idéalisée du karaté à l’adolescence était incarnée par Jean-Pierre Lavorato. Puis durant mon parcours j’ai eu l’occasion de faire de nombreux stages avec de nombreux experts en France, Belgique, Angleterre, Etats Unis d’Amérique, Japon.
Cependant, mes plus belles rencontres sont celles avec ceux que je considère comme mes véritables enseignants car j’ai étudié 35 ans sous leur tutelle ; il s’agit de Jean-Louis Morel 8ème dan et de Pierre Berthier 8ème dan. Sans eux je n’aurais probablement pas parcouru le même chemin et ne serais probablement pas parvenu au modeste point où je suis aujourd’hui. Quand je suis allé m’entraîner au club de Vincennes pour rejoindre l’enseignement de Jean-Pierre Lavorato, ce dernier nous a annoncé que c’était sa dernière année en région parisienne. Il est ensuite parti vivre et enseigner dans le sud de la France et a laissé la succession à Jean-Louis Morel et Pierre Berthier.
Ce sont deux hommes dont les qualités humaines sont en corrélation avec leur très haut niveau en karaté. C’est quelque chose que j’ai rarement rencontré dans les arts martiaux. Je leur dois beaucoup.
Areski Ouzrout avec le maître Jean-Louis Morel
Une anecdote à nous partager ?
Quand je travaillais comme éducateur au Ministère de la Justice, il y avait un jeune d’environ 16 ans, petit et maigre. Un de mes collègues lui avait dit que j’étais un pratiquant de Karaté, chose que je préférais garder pour moi en général. En effet, je ne faisais jamais étalage de mes compétences dans ce domaine. A partir de ce moment cet élève n’a cessé de me provoquer. Il ne se passait pas un jour où il ne me poussait pas à bout mais jamais je n’ai cédé à aucune violence physique ou verbale à son encontre. Puis, après deux années passées dans ce centre, ce jeune est venu me voir et m’a dit « tu es vraiment très fort. Je t’ai cherché, je t’ai provoqué, je t’ai manqué de respect mais jamais tu n’as cédé. Jamais tu n’as été violent alors que je sais que tu aurais pu me casser en deux comme une allumette ». Je n’ai jamais reçu plus beau compliment et je suis content que la non-violence puisse avoir éveillé sa conscience et que le karaté en fut le vecteur.
En plus de votre pratique en tant qu’enseignant, avez-vous une routine chez vous ?
J’ai toujours pratiqué d’une manière ou d’une autre chez moi. Ce que je fais change en fonction des époques. Par exemple, quand j’étais adolescent je me levais plus tôt chaque matin et je faisais 30mn d’entraînement dans ma chambre avant d’aller à l’école. Le week-end, j’allais courir et m’entraînais des heures dans le bois de Vincennes à répéter mes katas et donner des coups de pied sur les arbres.
Ce que je fais aujourd’hui est différent. Mes journées sont très chargées, j’ai un travail durant la journée et j’enseigne le soir dans mes clubs. Alors j’ai un planning d’entraînement personnel en dehors de mes cours de karaté, ce qui fait que du lundi au dimanche je m’entraîne. Chaque semaine, je fais une séance d’étirement d’une heure trente et un footing d’une heure. J’ai également des séances où je fais des katas, principalement ceux de la Matsubayashi ryû, ceux de Asai Tetsuhiko et ceux des armes du Kobudo. Je m’entraîne aussi aux acrobaties au sol : déplacements, roulades.
Je me réserve également du temps pour faire du renforcement musculaire, pompes, tractions, abdominaux. Je m’étire tous les jours.
Au travail, j’ai un bâton dans mon bureau et quand j’ai un peu de temps de libre je l’utilise pour faire des exercices. Sinon, autant que possible, j’introduis dans mon quotidien des approches liées aux arts martiaux. Ce peut être des exercices de respiration en marchant ou en conduisant, des méthodes de contrôle musculaire et de relaxation le matin au réveil, des automassages. J’accorde également beaucoup d’intérêt aux sensations, au contrôle des émotions et à créer des espaces de présence dans l’ici et maintenant. Je cherche à vivre dans mon quotidien la passion des arts martiaux et c’est d’ailleurs cet aspect de mes expériences et de mes connaissances que je développe dans mon prochain livre « La vie est un dojo » chez Budo éditions.
Donc, je ne fais pas tous les jours la même routine mais je mets en pratique tous les jours les principes des arts martiaux dans ma vie.
Quels conseils pouvez-vous donner aux pratiquants ?
Il est important de prendre du plaisir à ce que l’on fait. Parfois le plaisir n’est pas immédiat, il arrive après les efforts. Mais sans plaisir, sans satisfaction, la motivation décline et un jour on risque de s’arrêter. Ce plaisir, il y plusieurs façons de l’alimenter, il ne se situe pas spécialement dans la performance. Il peut exister également dans le lien que l’on construit avec les autres, les partenaires d’entraînement, les professeurs.
Je conseillerais également d’être le plus constant possible à l’entraînement. Si on s’entraîne, inévitablement on progresse. On ne voit pas immédiatement les progrès réalisés car il faut du temps pour que le corps intègre le travail, mais si on est constant, sérieux et sincère dans sa pratique, alors il y aura des progrès.
Pour ceux qui débutent le karaté, la première année est la plus importante. C’est l’année où vous allez apprendre le plus de choses, ce qui est normal puisque que vous avez tout à découvrir. Les années suivantes vous approfondirez ces connaissances pour les maitriser. Alors, il est important de ne manquer aucune séance. En effet, vous apprendrez pratiquement quelque chose de nouveau à chacune d’entre-elles. Soyez donc assidus et si vous le pouvez, révisez régulièrement chez vous ce que vous avez appris au dojo. C’est comme à l’école, les enfants qui réussissent sont ceux qui étudient à la maison et font leurs devoirs. C’est d’ailleurs une très bonne idée de tenir un journal de bord où vous consignez des choses relatives à vos entraînements.
Un dernier conseil, devenez autonome ! Il est dommage de voir des personnes, mêmes gradées, incapables de s’entraîner seules. Je pense que les arts martiaux doivent nous aider à devenir autonomes dans notre pratique. A cet égard, le rôle de l’enseignant est important car il doit donner les outils permettant aux élèves de se prendre en charge. Que ce soit au dojo ou dans la vie, être dépendant des autres est une aliénation. Pour moi, les arts martiaux sont aussi des outils de libération au niveau physique, technique et mental. Mais attention, ils sont des outils à double tranchants et peuvent donc aussi bien permettre d’aller dans le bon sens que dans le mauvais. Par exemple, on dit souvent que les arts martiaux permettent de se libérer de l’ego et pourtant, c’est peut-être le milieu où les egos sont le plus développés et surdimensionnés.
Quels sont vos projets ?
J’ai des projets pour de prochains ouvrages, peut-être la création d’une collection sur le karaté, mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant. Autrement, je continue à animer mon blog et à participer aux articles de la revue Yashima qui me donne l’occasion d’approfondir des sujets très intéressants et centraux dans les arts martiaux. C’est vraiment un grand honneur que de participer à cette revue magnifique que je vous invite à lire et à faire vivre.
Un mot pour la fin ? Quelque chose à rajouter ?
Merci de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer et merci aux lecteurs d’avoir pris le temps de lire cette interview. En ces temps difficiles où nous sommes éloignés des Dojos, où nous sommes éloignés les uns des autres, avec la contrainte de la distanciation sociale, il est important de rester en lien avec sa pratique et d’être connecté avec son être intérieur. Il est important de rester aligné, centré, et de ne pas se laisser envahir par les peurs. La peur est un poison. La peur et le stress détruisent l’équilibre de notre système immunitaire, il nous faut donc les combattre et nous en protéger. Aujourd’hui le combat intérieur prend plus de sens que jamais. En tant que pratiquant d’arts martiaux nous devons cultiver les pensées positives.
Très prochainement nous pourrons réintégrer nos Dojos, préparez-vous pour ce grand jour. Entraînez-vous chez vous, lisez, regardez des vidéos, appelez vos camarades d’entraînement et vos professeurs, restez actifs dans votre passion et nourrissez-la chaque jour.
Pour terminer je dirais, enfin, que les arts martiaux sont à l’image de ce qu’on y engage, de ce qu’on y met. Si vous vous investissez dans votre discipline, alors elle vous apportera beaucoup. En revanche, si vous pratiquez en dilettante, sans chercher à approfondir les différents aspects de votre art martial, alors vous n’y trouverez pas grand-chose. Au final, je pense que vous ne découvrirez rien d’autre que vous-même dans toute votre authenticité et votre grandeur incommensurable.